Module 3. L'eau douce

Introduction

Il n’y a aucun doute que l’état des eaux continentales a été grandement, et négativement, affecté au cours des trois ou quatre dernières décennies, la conséquence d’une gestion purement sectorielle de l’eau. Les impacts sur sa disponibilité et sur sa qualité sont nombreux et parfois graves, voire presque irréversibles. Il n’y a aucun doute non plus qu’une telle gestion de l’eau continuera, en accéléré, de mettre en péril le bien-être de l’humanité. Heureusement, l’implantation de systèmes de gestion à l’échelle de l’écosystème et (ou) du bassin hydrographique (ou bassin versant) pourrait avoir des impacts bénéfiques sur l’approvisionnement en eau potable et sur la disponibilité d’une eau de qualité suffisante pour l’élevage, l’irrigation et la production agricole. Ces systèmes de gestion tiennent compte du développement économique, de la conservation des écosystèmes et des critères de bien-être pour l’humanité.

L’eau offre maints services à l’humanité. Nous en avons vu plusieurs au cours du module 1 . Certains sont moins perceptibles que d’autres parce qu’ils sont plutôt dits d’ordre écologique. Il s’agit par exemple de services liés à la régulation du climat, au maintien de la diversité écologique ou encore à l’équilibrage de la composition chimique des écosystèmes terrestres. D’autres services sont beaucoup plus évidents aux yeux des sociétés parce qu’ils sont vus comme immédiatement essentiels à la survie de notre espèce. Parmi ces services, on pense à l’eau pour la consommation propre, la cuisine, l’irrigation des cultures, l’élevage, le maintien des populations piscicoles comestibles, etc. Ces services ne sont en réalité pas plus essentiels que les services dits écologiques. Il faut avant tout que le cycle de l’eau assure son rôle de régulateur écosystémique afin que les services dits « plus essentiels » découlant d’écosystèmes en santé puissent assurer leur rôle à long terme.

À cet égard, on sait aujourd’hui que les services écologiques associés au cycle hydrologique sont la plupart du temps d’excellents indicateurs du bien-être des sociétés. Par exemple, les aménagements très intensifs du paysage dans une région donnée peuvent être à un point tel que le climat régional est affecté, notamment les précipitations. Une baisse des précipitations a des répercussions écologiques, mais les impacts sur le régime d’écoulement des eaux de surface et, ainsi, sur la disponibilité (et même sur la qualité) en eau pour la consommation et l’agriculture se font sentir chez les populations.

Pour les besoins du cours, nous discuterons davantage des problématiques relatives à l’usage direct de l’eau par les humains et de ses conséquences sur le bien-être des populations. Indirectement, nous traiterons des services écologiques. Au cours de ce module, vous serez confronté aux problématiques de l’eau liées : (1) à la répartition des approvisionnements dans le monde, (2) aux mauvais travaux de génie hydraulique, (3) à l’inefficacité ou à l’absence de systèmes de traitement ou d’épuration et (4) au développement d’une industrie (privatisation) de l’or bleu. Vous serez aussi exposé à deux études de cas qui vous donneront des pistes de solutions pour assurer une gestion durable et équitable de l’eau, autant sur le plan local que sur le plan national ou international.

3.1 La répartition des approvisionnements en eau dans le monde, les usages de l’eau et le déploiement d’efforts pour homogénéiser l’accessibilité

3.1.1 La répartition des approvisionnements en eau dans le monde

Il y a une abondance d’eau sur notre planète. Vue d’un satellite de la NASA, on constate que la planète Terre est majoritairement recouverte d’eau.

Photo 3.1 La planète bleue.

Source : L'État du Utah.

Toutefois, seulement une petite quantité de ce que l’on voit de si loin est de l’eau douce et une infime quantité est en fait disponible pour les différents usages qu’en font les humains. L’eau douce ne représente que 2,5 % du volume total d’eau sur la planète. Les trois quarts de ce 2,5 % sont présents sous la forme de glace dans l’Antarctique, dans l’Arctique et au Groenland. Une autre partie est présente sous la forme d’eau interstitielle ou de gravité dans les sols ou bien stockée de façon temporaire ou plus permanente dans le sous-sol rocheux, communément appelée eau souterraine. Les types d’eau douce les plus facilement disponibles pour les populations sont les eaux continentales de surface (lacs, rivières, et tourbières) et les eaux souterraines peu profondes (aquifères). Ces réserves d’eau douce représentent environ un dixième de 1 % du volume total d’eau sur la planète (chapitre 7 du volume 1 du MEA) .

Tableau 3.1 Les réserves d'eau douce sur la Terre

TypeVolume (km3×1000)Fraction du volume total (%)Fraction d’eau douce (%)
Océans1 338 00096,6-
Eaux souterraines23 4001,7-
Eau douce10 5300,7630,1
Eau du sol16,50,0010,05
Glaciers et glaces permanentes24 1001,7468,7
Pergélisols3000,0220,86
Lacs910,0070,26
Tourbières11,50,00080,03
Rivières2,120,00020,006
Eau biologique1,120,00010,003
Atmosphère12,90,0010,04
Eau terrestre (hydrosphère)1 386 000100-
Eau douce totale35 0292,53100

Source : Shiklomanov et Rodda (2003) dans chapitre 7 du volume 1 du MEA .

L’eau douce est constamment renouvelée par les pluies et (ou) par la chute (et la fonte) de la neige. Dans l’ensemble, on remarque que la majorité des grandes sociétés se sont positionnées là où les apports en eau sont assez bien répartis tout au long de l’année. Sa disponibilité dans certaines régions du monde est largement suffisante, mais, dans d’autres, elle est nettement en deçà de ce qui est nécessaire pour satisfaire les besoins de subsistance des populations.

La distribution de l’eau douce sur la planète est donc très hétérogène. Sous les tropiques, l’eau y est abondante alors que le long de la ceinture désertique (les tropiques du Cancer et du Capricorne), l’eau douce s’y fait très rare. Les effets orographiques des montagnes privent aussi d’eau douce plusieurs populations durant de longues périodes de l’année. Des calculs d’hydrologues experts suggèrent qu’il peut n’y avoir aucun écoulement de surface durant de longues périodes de l’année dans des régions arides ou semi-arides alors que l’écoulement annuel peut atteindre plusieurs centaines (sinon milliers) de kilomètres cubes. Les différences entre l’abondance et la rareté de l’eau douce augmentent aussi en fonction de la densité des populations humaines et de la demande en eau, des travaux d’ingénierie hydraulique pour stabiliser les écoulements, et de la qualité de l’eau. Cette hétérogénéité de l’eau témoigne bien du fait que l’eau douce est une ressource très précieuse pour l’humanité et qu’il faut s’en servir de façon rationnelle et courtoise.

Le tableau 3.2 dresse un portrait de l’apport, de l’usage et de la rareté en eau douce de six grandes régions géographiques et économiques du monde. Comme vous pouvez le constater, l’Amérique latine et l’Asie renouvellent au moins la moitié de toutes les eaux mondiales alors que l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient renouvellent moins de 1 % des eaux mondiales. C’est là aussi que les défis d’approvisionnement sont les plus grands. En fait, peu de personnes (< 1 %) dans ces deux régions du monde ont accès aux écoulements naturels de surface (chapitre 9 du volume 1 du MEA) .

Tableau 3.2 Les apports renouvelables et l'utilisation d'eau douce sur la Terre

RégionApport renouvelable en eau douce (km3 an-1)Utilisation d’eau douce (km3 an-1)Ratio utilisation/apport
Asie7 850-9 7001 520-1 79016-22
Ancienne Union soviétique3 900-5 900270-3806-8
Amérique latine11 160-18 900200-2601-2
Afrique du Nord/Moyen-Orient300-367270-37074-108
Afrique, au sud du Sahara3 500-4 81560-902
Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)7 900-12 100920-9808-12
Total mondial 38 600-42 6003 420-3 6108-9

1Organisation de coopération et de développement économiques

Sources : Vörösmarty et al. (1998a); Fekete et al. (2002); Federer et al. (2003); Alcamo et al. (2003); Döll et al. (2003); Oki et al. (2001, 2003b); Dirmeyer et al. (2002), dans chapitre 7 du volume 1 du MEA .

On dit que seulement 15 % de la population mondiale vit avec une abondance relative d’eau, 65 % de la population vit selon un apport qualifié de faible à modéré, et 20 % de la population vit dans un contexte de rareté. Le 15 % des habitants vivant dans l’abondance profite de 50 % de l’écoulement total de l’eau sur la planète, alors que le 20 % des habitants vivant dans la rareté doit s’approvisionner en eau à partir de sources jugées comme non viables. Notez aussi qu’environ 30 % de l’apport annuel en eau douce se fait lors d’évènements météorologiques associés aux inondations et que cette eau, étant donné des aspects de potabilité, est inutilisable pour la consommation humaine. Vous n’avez qu’à penser à la mousson indienne qui inonde bien des villes et des villages et qui favorise la prolifération de maladies. Les ratios utilisation/apport sont donc sous-estimés dans le tableau 3.2 chapitre 7 du volume 1 du MEA .

Un autre indice d’utilisation de l’eau, celui-ci per capita, est le facteur d’entassement (water crowding). Il est exprimé par le nombre de personnes utilisant un millier de mètres cubes d’eau par année. Le facteur d’entassement est modeste dans la majorité des régions (67 à 213), mais il est plus élevé pour l’Asie (391) et très élevé pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient (2020). On dit qu’un facteur variant entre 600 et 1000 suggère un stress important, alors qu’un facteur supérieur à 1000 représente une grande rareté de la ressource.

En 1960, le facteur d’entassement pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient était de 561, montrant ainsi une hausse importante du stress lié à l’approvisionnement en eau dans ces régions. La hausse de la population est en grande partie responsable de l’augmentation de ce stress. Des hausses moins importantes ont été notées dans les autres régions (Asie et Amérique latine), bien que le facteur mesuré pour l’Afrique au sud du Sahara ait augmenté de façon comparable. Dans les pays de l’OCDE et de l’ancienne Union soviétique, le facteur d’entassement a peu augmenté depuis 40 ou 50 ans. Toutefois, on prévoit que le facteur augmentera d’ici 2025 même dans les pays développés de l’OCDE et de l’Europe chapitre 7 du volume 1 du MEA . Par exemple, le sud-ouest des États-Unis et la vallée de l’Okanagan en Colombie-Britannique feront face à de sérieux problèmes d’approvisionnements et le facteur d’entassement est donc actuellement en hausse rapide dans ces deux régions nord-américaines.

Le facteur d’entassement est bel et bien utile pour comprendre l’effet de rareté de la ressource. Toutefois, il ne s’agit pas nécessairement d’un indice capable d’exprimer totalement la disponibilité en eau pour les populations. Pour cela, il faut aussi tenir compte de la capacité d’un pays à investir dans les travaux de génie pour assurer un approvisionnement soutenu en eau durant toute l’année. Dans ce sens, la vallée de l’Okanagan fait face à un moins grave problème que le Sénégal, par exemple.

3.1.2 Les usages de l’eau et le déploiement d’efforts pour homogénéiser l’accessibilité

L’augmentation rapide de la population mondiale  et de l’activité économique au cours des derniers siècles a été accompagnée d’une hausse rapide de l’usage de l’eau. L’utilisation actuelle de l’eau est six fois supérieure à celle du début des années 1900 et quinze fois plus grande qu’au début des années 1800. Ces augmentations se font malgré la tendance à la baisse de l’utilisation per capita depuis les années 1980. Le tableau 3.3 présente les taux d’utilisation de l’eau par régions et par type d’utilisation.

Tableau 3.3 L'utilisation de l'eau douce par les différents secteurs d'activité

RégionUsage domestique (km3 an-1)Usage industriel (km3 an-1)Usage agricole (km3 an-1)Usage total (km3 an-1)
Asie80991 3731 550
Ancienne Union soviétique34115188337
Amérique latine3331205269
Afrique du Nord/Moyen-Orient2215247284
Afrique, sud du Sahara1048397
OCDE1494893841 020
Total mondial3287532 4803 560

Sources : WRI et al. (1998); Shiklomanov et Rodda 2003; Vörösmarty et al. 2000), dans chapitre 7 du volume 1 du MEA .

L’Asie et l’OCDE utilisent à eux deux plus du tiers de l’eau dans le monde. L’usage domestique compte pour moins de 10 % de l’usage total de l’eau dans le monde.

L’usage industriel est relativement élevé dans les pays de l’OCDE et de l’ancienne Union soviétique, indiquant ainsi un développement économique important. Toutefois, l’agriculture, majoritairement l’irrigation, est le plus important secteur d’utilisation de l’eau avec plus de 70 % de l’usage total, suivi du secteur industriel et enfin de l’usage domestique. En Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’agriculture compte pour au moins 85 % de l’usage total. Encore plus spécifiquement, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au sud du Sahara, l’agriculture mène à un usage de l’eau équivalent à 120 % de l’apport naturel, un constat indiquant la précarité (et la non-viabilité) des systèmes d’approvisionnements en nourriture de ces deux régions du monde. Lorsque l’analyse se fait à une plus haute résolution, soit à l’intérieur même d’un continent, on s’aperçoit que le portrait de certaines régions est encore moins réjouissant.

Une fraction importante de l’eau utilisée pour l’irrigation est perdue du système terrestre par évapotranspiration. Elle se retrouve sous une forme non récupérable pour les humains. C’est une utilisation en eau dite non viable et elle est importante, soit le tiers de l’usage total mondial et la moitié de l’usage agricole mondial. D’autres utilisations non viables découlent du pompage des eaux souterraines et de leur perte par évaporation lorsqu’elles sont emmagasinées dans des réservoirs et des tours de refroidissement, mais les pertes sont beaucoup moins grandes que dans le cas de l’irrigation. Cela dépend des régions, mais l’usage non viable est important en Asie, en Afrique du Nord et au sud du Sahara, c’est-à-dire entre 10 et 35 % de l’usage total de la région. Ces chiffres témoignent des fortes pressions que subissent les populations pour subvenir à leurs besoins immédiats en nourriture aux dépens des approvisionnements en eau à moyen terme. Le déclin des systèmes de production agricoles est imminent dans ces régions parce que l’eau devra servir à d’autres fins. La sécurité alimentaire est donc grandement menacée. Nous en parlerons au prochain module.

Afin d’assurer un apport en eau soutenu pour les populations, plusieurs techniques sont utilisées pour se procurer une eau propre à la consommation. Dans les pays où l’écoulement de surface est rarissime, l’eau souterraine est une importante (sinon la plus importante) source d’approvisionnement pour la consommation et l’irrigation. Par exemple, presque 100 % de l’eau utilisée pour l’irrigation en Arabie saoudite est pompée des aquifères. On estime entre 1,5 et 3 milliards le nombre de personnes sur la planète qui dépendent des eaux souterraines pour la consommation propre. Ces chiffres seraient sans doute encore plus importants si l’exploitation des eaux souterraines n’était pas si dispendieuse (chapitre 7 du volume 1 du MEA) . Bien entendu, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont des régions où les puits artésiens sont abondants puisque l’écoulement en surface est petit et qu’il n’atteint qu’une très petite partie de la population. Dans bien des cas, une relocalisation des villages en aval des bassins versants ne pourrait servir de solution parce que plusieurs de ces systèmes sont caractérisés par des écoulements de surface épisodiques et que les travaux de génie hydraulique manquent pour stabiliser les écoulements. L’exploitation des eaux souterraines, moins dynamiques que les écoulements de surface, est donc de mise.

Figure 3.1 Le cycle des eaux souterraines.

Source : Ressources Naturelles Canada.

Note.- Un aquitard est une unité géologique partiellement ou totalement saturée d’eau à partir de laquelle on ne peut pas pomper d’eau de façon économique, mais celle-ci sert tout de même de zone de stockage pour des aquifères avoisinants.

Il est important ici de faire la distinction entre l’exploitation des eaux souterraines peu profondes et les aquifères profonds. Dans le premier cas, la tête hydraulique de la nappe baisse à mesure que le pompage se fait. La nappe est néanmoins renouvelée rapidement par la percolation de l’eau de pluie et (ou) de la fonte du couvert nival (là où il fait suffisamment froid pour y avoir des chutes de neige). La gestion des réserves en eau peut donc se faire par le monitorage de piézomètres et de lysimètres installés à différentes profondeurs dans le sol et (ou) le substratum rocheux autour du puits.

Dans le second cas, le renouvellement en eau d’un aquifère profond est beaucoup plus lent. Le renouvellement en eau d'un aquifère peut prendre plusieurs milliers d’années. La logistique pour faire le suivi de la tête hydraulique est complexe puisqu’il faut faire des efforts extraordinaires pour installer les piézomètres profondément dans la roche. La gestion de ces eaux est donc plus laborieuse et, de ce fait, le rabattement du niveau de la nappe à des niveaux quasi irréversibles survient fréquemment. Le rabattement se produit parce que le pompage se fait à des taux bien au-delà des taux de renouvellement.

  • Lisez les articles scientifiques de A. D. Gaoh et A. Dassargues (1995) sur le rabattement de la nappe et de ses conséquences sur la qualité de l'eau. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :
  • Lisez aussi l'article scientifique de W. Kinzelbach et coll. (2003) sur le même sujet. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

Malheureusement, la contamination des eaux souterraines est de plus en plus fréquente dans les pays en développement et ailleurs dans les pays industrialisés. L’exploitation minière et l’agriculture sont des exemples d’industries qui polluent les eaux souterraines un peu partout dans le monde à différents degrés. La capacité d’assainissement de ces eaux varie d’un système à l’autre mais « l’autonettoyage » se fait généralement sur plusieurs milliers d’années. C’est pour cette raison que l’introduction d’un contaminant dans une eau souterraine profonde est perçue comme un problème sans vraies solutions et que l’aquifère est la plupart du temps considéré comme gaspillé aux yeux des humains. Il est donc primordial de prévenir la pollution des eaux souterraines pour un futur meilleur pour tout un chacun.

  • De façon facultative, lisez l’article scientifique de N. Aghzar et coll. (2002) sur la pollution des eaux souterraines par l’agriculture moderne (nitrate) au Maroc : Aghzar, N. et coll. 2002. Pollution nitrique des eaux souterraines au Tadla (Maroc). Revue des sciences de l'eau 15 : 459-492. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Pour contrer les problèmes liés à la saisonnalité des pluies, le captage et la récupération des eaux de toitures  (et autres) constituent une solution intéressante pour assurer un apport plus ou moins continu en eau. On utilise l’eau récupérée pour les travaux domestiques, mais plus rarement pour la consommation propre (étant donné le manque de garantie de sa potabilité). Certains systèmes de captage plus sophistiqués servent même à l’irrigation des cultures et à la recharge du niveau des nappes souterraines, là où l’utilisation de l’eau des nappes dépasse les taux de recharge. L’Inde et la Chine, par exemple, sont des pays favorisant beaucoup cette stratégie parce que les pluies sont souvent intenses dans certaines régions mais ne durent pas longtemps et que les nappes phréatiques sont surutilisées.

  • Lisez l’article scientifique de F. Li et coll. (2000) sur l’utilisation des systèmes de captage en Chine : Li, F. et coll. 2000. Rainwater harvesting agriculture : An integrated system for water management on rainfed land in China's semiarid areas. Ambio 29 : 477-483. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Enfin, des efforts considérables sont faits pour augmenter la capacité de désalinisation de l’eau  dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Puisque la désalinisation engendre des coûts élevés, elle répond davantage aux besoins pour la consommation et, à une bien moindre mesure, pour l’irrigation. Aujourd’hui, il y a plus de 10 000 usines de désalinisation de l’eau dans plus de 120 pays et, pourtant, cette industrie contribue pour moins de 1 % à la consommation mondiale de l'eau (chapitre 7 du volume 1 du MEA) . Environ les trois quarts de cette industrie se sont développés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans les pays d’Asie et d’Amérique latine, environ 60 % de la population a accès aux écoulements de surface. Avec l’arrivée de nouveaux investissements et le développement des technologies, les coûts liés à la désalinisation diminuent, rendant ainsi l'approche plus accessible aux pays moins riches. Mais les questions se posent quant aux bénéfices de la désalinisation par rapport au transfert (importation) de l’eau de bonne qualité d’un pays à un autre ou d’une région à une autre.

  • Lisez la revue de littérature de N. C. Darre et G. S. Toor (2018) sur les possibilités de désaliniser l'eau de mer dans le contexte d'un climat changeant : Darre, N. C. et Too, G. S. 2018. Desalinisation of water: a review. Current Pollution Reports 4 : 104-111. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Vous constaterez que la désalinisation est de plus en plus envisageable. Cependant, les grandes quantités de saumures produites au moment du traitement des eaux méritent une attention toute particulière parce que l’absence de technologies efficaces pour leur traitement est une menace pour la santé de plusieurs écosystèmes côtiers. De ce fait, le transfert de l’eau, par l'entremise de travaux de génie hydraulique, d’un bassin versant (ou cours d’eau) à un autre demeure une pratique courante. Les effets sociaux de ces transferts sont complexes. L'importation de l'eau est avantageuse socialement et économiquement pour les populations importatrices, mais les populations exportatrices, particulièrement celles vivant en aval des détournements, souffrent souvent d’une perte d’autonomie et doivent être déplacées. Parfois, des compensations sont payées directement à ces gens, mais elles ne couvrent en rien la totalité des pertes réelles (par exemple, les maisons, la productivité économique, l’héritage culturel).

3.2 La modification de l’écoulement naturel des eaux de surface par l’ingénierie et les impacts sur les écosystèmes

Compte tenu de la mauvaise répartition de l’eau dans le monde et de la hausse grandissante des stress hydriques, surtout dans le contexte des changements à l'échelle planétaire, une importante polémique environnementale émerge concernant la construction de grands barrages et de pipelines sur des centaines de kilomètres pour approvisionner en eau les diverses populations. La polémique apparaît parce qu’il est difficile de prédire combien de m3 d’eau les travaux de génie hydraulique peuvent ralentir et (ou) détourner pour assurer l’approvisionnement des humains tout en respectant les volumes requis pour préserver l’intégrité des écosystèmes aquatiques et terrestres. Des recherches récentes suggèrent que les écosystèmes nécessitent entre 20 % et 80 % des écoulements annuels pour continuer à fonctionner et à maintenir leur intégrité, selon le type de cours d’eau, de la composition des espèces et des objectifs de conservation fixés (chapitre 7 du volume 1 du MEA) . Dans plusieurs des cas, dans les régions arides ou semi-arides, ou encore dans les régions très peuplées, les politiques qui veulent que les travaux conservent l’intégrité totale des écosystèmes ne sont pas envisageables étant donné les risques élevés de conflits avec les populations en besoin.

Des impacts sur le fonctionnement et la structure des écosystèmes sont donc souvent inévitables dans le cadre de grands travaux de génie hydraulique. Ces impacts peuvent être observés à différents degrés, selon l’ampleur des modifications au niveau de la quantité, de l’intensité et de la saisonnalité de l’écoulement. Par exemple, les inondations sont nécessaires au modelage des chenaux et permettent aussi l’apport de nutriments, de sédiments et de graines dans les zones riveraines inondables. Les écoulements (débits) élevés sont également nécessaires à la migration et à la conservation de frayères pour certaines populations de poissons.

Bien que difficiles à estimer, les modifications de l’écoulement des eaux de surface à l’échelle mondiale ont fait l’objet d’études scientifiques. On suggère que plus du tiers des rivières, pour lesquelles des données contemporaines et préperturbations étaient disponibles, ont connu une baisse considérable de leur décharge dans les océans. De façon similaire, Walling et Fang (2003) ont montré que 20 % de 145 rivières importantes de la planète ont subi une baisse importante de leur régime d’écoulement. Entre 1960 et 2000, la capacité de stockage des eaux dans des réservoirs a quadruplé et le potentiel hydroélectrique a doublé. De toute évidence, les instruments qui font le suivi des écoulements (hydrographes) enregistrent, dans bien des cas, des données qui ne ressemblent en rien aux données préperturbations, il y a cinquante ans. Plusieurs grandes rivières du monde ont été complètement chambardées par les travaux de génie hydraulique (Nil, Colorado, etc.). Les berges de ces rivières sont aujourd’hui très stables. Certains chenaux de rivière ne subissent même plus d’écoulement pendant des périodes spécifiques de l’année. On compte aujourd’hui environ 45 000 grands barrages (i.e. plus de 15 m en hauteur) et possiblement 800 000 plus petits barrages (chapitre 7 du volume 1 du MEA) .

D'après le chapitre 7 du volume 1 du MEA , plusieurs pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, les États-Unis et l’Afrique du Sud ont commencé, au cours de la dernière décennie, à faire une gestion des écoulements de certaines rivières dans le but de simuler autant que possible les écoulements naturels et, de ce fait, protéger l’intégrité des écosystèmes aquatiques. Toutefois, les pays de l’Asie n’ont pas fait grand effort dans ce sens. C’est une situation inquiétante puisque c’est une région du monde qui procède à une importante extraction d’eau qui coule dans les rivières pendant les saisons de sécheresse. Il y a toutefois un certain espoir que les pays asiatiques s’engagent dans une gestion plus environnementale des écosystèmes aquatiques. Plusieurs pays ont fait récemment des recherches pour déterminer les seuils d’écoulement qui assurent l’intégrité des écosystèmes dans le but de les mettre éventuellement en pratique dans la mesure du possible.

Par ailleurs, plusieurs centaines de projets de restauration des zones riveraines de rivières et de lacs, perturbées ou complètement détruites depuis les modifications des écoulements de crue, sont en cours en Asie et même en Afrique. Le changement des mentalités à l’égard des politiques de gestion des écoulements passe tranquillement d’une approche mercantile qui favorisait les intérêts privés à une approche qui favorise les droits des communautés en général. Par exemple, au Burkina Faso, la Loi d’orientation relative à la gestion de l’eau, adoptée en 2001, établit clairement les bases légales et institutionnelles pour promouvoir la gestion de l’eau par bassin versant, une approche qui garantira l’accessibilité à l’eau pour tous les humains. La loi est garante aussi que les infrastructures hydrauliques laissent un écoulement minimal assurant la pérennité des écosystèmes.

Cet exemple en Afrique peut être observé ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis où l’écoulement des grandes rivières (Colorado, Mississippi, Columbia, etc.) est aussi géré dans le but, par exemple, d’améliorer la qualité des habitats des poissons et de maintenir la connectivité entre les zones inondables des rivières, même si c’est aux dépens de la production d’hydroélectricité et de l’emprunt des voies navigables par les barques commerciales. Le déclassement de certains barrages a même commencé aux États-Unis afin de retourner aux conditions naturelles plus rapidement. Toutefois, on compte plusieurs centaines de projets de construction de barrages partout dans le monde.

Les travaux de génie hydraulique sont très impressionnants. On n’a qu’à penser aux projets chinois comme le barrage hydroélectrique des Trois-Gorges , d'une longueur de 2,35 km, qui produira plus de 18 000 mégawatts et qui contrôlera l’écoulement du Yangtsé en période de crue. Il y a plusieurs arguments favorables au développement de tels barrages mais aussi plusieurs arguments défavorables. Dans le cas du barrage des Trois-Gorges, les pour et les contre sont énumérés sur le site de Wikipédia. Le plus important avantage, dans le cadre de la discussion sur l’approvisionnement en eau, est probablement celui de créer la possibilité de dévier 40 km3 d’eau vers la plaine de la Chine du Nord qui souffre de sécheresse endémique. On pense même que ce détournement serait en mesure de remplir les nappes asséchées depuis déjà plusieurs années.

D’un point de vue écologique, le développement du barrage inondera plus de 600 km2 de forêts et de terres fertiles, entraînant ainsi une mobilisation du mercure dans la chaîne alimentaire et une perte de capacité agricole. En aval, l’hydrologie du Yangtsé changera, ce qui aura des impacts sur l’érosion des berges ainsi que sur la faune et la flore aquatique. Le barrage a exigé l’expropriation d’au moins un million d’agriculteurs et met également à risque des dizaines de millions de personnes vivant en aval du barrage. Les inondations ont recouvert plusieurs villes et villages. Les avantages à son développement sont proposés comme suit : l'essor économique pour la région, la baisse de la combustion du charbon ou de l’établissement de centrales nucléaires pour la production d’électricité, l'augmentation du tourisme, etc.

  • Lisez l’article de vulgarisation scientifique de P. Savoie (2003) sur le barrage des Trois-Gorges. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :
  • De façon facultative, vous pouvez aussi lire les articles de K. Le Mentec (2006) et E. Comby et coll. (2003) sur ce fameux barrage. Accédez à ces articles en cliquant sur les liens suivants :

Bien entendu, on se questionne beaucoup sur les risques liés au stockage de millions de m3 d’eau par un barrage dans des régions du monde où les structures géologiques sont instables et où la terre tremble continuellement à forte intensité. Les risques de cassure sont élevés et les impacts sur les vies humaines et les écosystèmes en aval du barrage peuvent être catastrophiques. À l’inverse, de nouvelles recherches proposent qu’il y ait un lien de cause à effet entre la présence des grands barrages chinois et le tremblement de terre de 2008, dans la province de Sichuan, qui a provoqué la mort de 90 000 personnes.

  • Lisez un article de vulgarisation scientifique de B. Mason (2009) à propos de ce tremblement de terre. L'article propose que les pressions exercées sur la roche par le réservoir du barrage Zipingpu, à 5,5 km de l’épicentre, aient été suffisantes pour affecter l’activité sismique de la région. Une faille majeure se trouve à 500 m du réservoir et il est donc possible que le tremblement de terre ait été enclenché par les changements de pression liés aux fluctuations du niveau de l’eau du réservoir. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

Le détournement des écoulements est un travail d’ingénierie qui peut évidemment affecter les écosystèmes aquatiques. Pour mettre les choses en perspective, le plus grand détournement connu après celui planifié en Chine est celui fait par la société d'État Hydro-Québec. Dans ce cas, 27 km3 d’eau de la rivière Eastman est transféré annuellement à la rivière La Grande. Ce détournement constitue une perte de l’écoulement pour la rivière Eastman de 93 % et un gain pour la rivière La Grande de 97 % (Dynesius et Nilsson, 1994). Il est donc inévitable que la dynamique des écosystèmes aquatiques de ces deux rivières change de façon draconienne.

3.3 La pollution de l’eau, la santé humaine et la dégradation des écosystèmes aquatiques

La pollution de l’eau  est un problème planétaire. Elle se présente sous toutes sortes de formes. Elle se manifeste autant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Certaines causes de la pollution sont planétaires (i.e. partout sur le globe). On n’a qu’à penser à l’acidification des océans  et à la pollution marine . D’autres causes sont internationales (i.e. un peu partout sur la planète mais pas dans toutes les régions du globe). On n’a qu’à penser à la pollution diffuse causée par l’agriculture, qui mène souvent à l’eutrophisation des lacs et des rivières, et aux pluies acides qui polluent les eaux de surface et affectent les populations de crustacés, d’insectes, de poissons et de planctons qui y vivent. D’autres problèmes sont plutôt d’envergure nationale et touchent surtout les pays en développement. On n’a qu’à penser aux rejets, sans traitement, de toutes sortes d’eaux usées  et d’effluents industriels.

Dans les pays industrialisés, la conscience écologique des gouvernements et les moyens financiers et techniques ont permis d’améliorer grandement la situation quant aux rejets des eaux usées ou des effluents industriels par le développement de systèmes d’épuration et d’assainissement sophistiqués. D’autres situations de pollution sont plutôt locales et ponctuelles, tels les marées noires  et les déversements accidentels (mais parfois intentionnels) de produits chimiques dans les océans ou en milieux terrestres qui, tôt ou tard, finissent par rejoindre les eaux de surface ou les eaux souterraines. Toute cette pollution a des conséquences importantes sur la santé des humains et des écosystèmes aquatiques.

À la Conférence internationale sur l’eau dans la perspective d'un développement durable de Dublin (1992) , on estimait que les problèmes de pollution de l’eau les plus importants étaient les suivants, en ordre croissant : les fluorures, l'acidification, les composés organiques de l’industrie, les sédiments en suspension, la salinisation, les nitrates, l'eutrophisation, les pesticides, les métaux lourds, la matière organique et les pathogènes.

Dans bien des pays dans le monde, comme les pays d’Afrique et d’Asie, l’eau est un vecteur de maladies graves, lesquelles ne cessent d’être des défis de taille pour les services de santé des gouvernements, compte tenu de divers facteurs comme les pressions démographiques croissantes et l’urbanisation rapide, l’industrialisation, l'insuffisance de ressources financières des gouvernements et le manque d'expertises requises pour l’élaboration de réseaux de traitement des eaux usées et de distribution sécuritaire (salubre) de l’eau.

La quasi-totalité de la pollution est depuis longtemps d’origine fécale et organique. Cette pollution a diminué considérablement depuis vingt ans, mais elle demeure un grave problème dans les pays en développement. Comme il a été souligné à la Conférence internationale sur l’eau de Dublin, elle est sans aucun doute la plus urgente à régler puisque plus de 75 % des eaux d’égout seraient toujours déversées directement dans les eaux de surface, sans même un traitement primaire. Malheureusement, les enfants sont les plus vulnérables à cette pollution et ils contractent facilement des maladies transmises par l’eau.

  • Lisez l’article scientifique de R. P. Schwarzenbach et coll. (2010) au sujet des problèmes de santé humaine liés à une eau de mauvaise qualité. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

La pollution de l'eau s’amplifie parce que l’industrialisation et l’urbanisation augmentent, mais le traitement de l'eau reste inadéquat. L’exemple le plus marquant des effets de l’industrialisation et de l’urbanisation sur la pollution de l’eau et sur la santé des humains est sans doute celui de la Chine. L’industrialisation et l’urbanisation des vingt dernières années n’ont pas été accompagnées de l’établissement d’infrastructures nécessaires à l’épuration et à l’assainissement des eaux. La détérioration de la qualité de l’eau est devenue dans bien des cas problématique pour la santé de la population chinoise. Elle a aussi influencé la qualité des produits de consommation issus des eaux douces, par exemple, les poissons et les crustacés, qui affectent davantage la santé des Chinois.

  • Lisez l’article de C. Wu et coll. (1999) sur les problèmes de santé liés à la mauvaise qualité de l’eau en Chine. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

L’eutrophisation et l’acidification (par les pluies acides) des lacs et des rivières sont sans aucun doute d’excellents cas pour démontrer que l’introduction de polluants dans les écosystèmes aquatiques peut avoir d’importants effets sur la santé des organismes qui y vivent.

L’eutrophisation  est un phénomène répandu au Canada et partout ailleurs dans le monde, là où l’agriculture et (ou) le déversement d’eaux usées contribuent à l’enrichissement des eaux de surface en azote et en phosphore. On estime que le transport de l’azote dans les cours d’eau était d’environ 2,5 millions de tonnes par année avant l’industrialisation et qu’il est maintenant de l’ordre de 15 millions de tonnes par année. Il est important de noter que l’agriculture et l’usage de fertilisants à base d’azote sont la cause primaire de cette hausse. Bien que les écosystèmes aquatiques aient la capacité de « s’auto-épurer », le taux d'auto-épuration varie beaucoup d’un écosystème à un autre et, conséquemment, certains écosystèmes sont plus sensibles que d’autres aux usages intensifs de fertilisants pour la maximisation des rendements. Les projections quant à l’enrichissement (voire une saturation) en azote des écosystèmes aquatiques ne sont pas du tout encourageantes.

  • Lisez l’article de P. Vitousek (1997) sur les usages excessifs de l’azote pour optimiser le rendement des récoltes et les conséquences sur l’environnement : Vitousek, P. et coll. 1997. Human alteration of the global nitrogen cycle: sources and consequences. Ecological Applications 7 : 737-750. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Par ailleurs, en Afrique, l’eutrophisation est un phénomène courant dans les retenues de petits barrages.

  • De façon facultative, vous pouvez lire un article de Y. El Ghachtoul et coll. (2005) à ce sujet : El Ghachtoul, Y. et coll. 2005. Eutrophisation des eaux des retenues des barrages Smir et Sehla (Maroc) : causes, conséquences et consignes de gestion. Revue des sciences de l'eau 18 (spécial) : 75-89. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Les pluies acides , quant à elles, sont associées à toutes sortes de problèmes environnementaux. Elles ont des impacts sur la santé des forêts et des autres végétaux, mais elles contribuent aussi à la perte de vigueur des milieux aquatiques. Les pluies acides libèrent des métaux qui s'avèrent toxiques pour la faune piscicole et d’autres organismes vivants dans les lacs, les rivières et les cours d’eau. Elles favorisent aussi le réchauffement climatique et la production d’ozone atmosphérique.

  • Lisez l’article de vulgarisation de C. T. Driscoll et coll. (2001) sur les problématiques environnementales liées aux pluies acides, incluant les impacts sur l’environnement aquatique. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

Les pluies acides sont problématiques un peu partout sur la planète, là où il y a d’importantes sources d’émission de soufre et d’azote. Les paysages naturels dans le pourtour des grandes villes d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie subissent, pour la plupart, des troubles structuraux et fonctionnels associés aux pluies acides.

Nous étudierons en détail la pollution des eaux de surface par les rejets miniers acides et les métaux lourds dans la deuxième étude de cas (section 3.6.2).

3.4 L’indice de pauvreté en eau, la hausse du prix de l’eau et la privatisation de l’eau

Des indicateurs permettant aux gouvernements et aux autres instances de prendre des décisions quant à la gestion de l’eau sont grandement nécessaires. Ces indicateurs permettront une gestion durable de l’eau de manière systématique et équitable. Proposé autour des années 70, l’indice de stress hydrique fait le lien entre les ressources en eau et les populations. Depuis ce temps, d'autres indicateurs ont été proposés. Par exemple, l’indice de pauvreté en eau combine à la fois l’information tant sur le plan physique et environnemental que sur le plan social et économique. Cet indicateur est similaire à l’indice de développement humain , mais il est applicable à une échelle plus locale, soit à une échelle où les carences en eau s’expriment le mieux. Il mesure les stress que les ménages et les communautés subissent au cours de l'année. Il permet aux gouvernements et aux organismes de coopération internationale d’identifier les régions où les besoins d’intervention et d’aide sont les plus criants. Cet indicateur a été testé dans environ 150 pays. Il apparaît comme un indicateur transparent pour tout un chacun et pourra être utilisé dans le but de cibler des objectifs de développement et de chiffrer le progrès efficacement.

L’indice de pauvreté en eau est pondéré selon les cinq critères suivants :

  1. Les ressources en eau : les caractéristiques physiques des eaux disponibles et de leurs qualités.
  2. L'accès à l’eau : n’inclut pas seulement la distance de la source en eau potable la plus proche, mais, de façon plus importante, le temps alloué à la collecte de l’eau, les conflits entourant cette source et l’accès à un service d’assainissement.
  3. L’utilisation de l’eau : représente les retraits pour les usages domestiques, industriels et agricoles. Dans plusieurs pays, l’irrigation et l’élevage sont cruciaux pour un gagne-pain et, de ce fait, ils sont considérés dans le calcul de l’indicateur.
  4. La capacité de bien gérer l’eau : ce paramètre tient compte du revenu, du niveau d’éducation ainsi que des maladies qui sévissent à cause d’une eau de mauvaise qualité.
  5. L’intégrité environnementale : considère si les écosystèmes nécessaires au maintien du cycle de l’eau et aux approvisionnements sont dégradés.

Dans plusieurs pays, les approvisionnements en eau potable sont subventionnés par les gouvernements de sorte que les usagers ne défraient seulement qu’une infime partie des coûts liés au traitement des eaux. Aussi, les facteurs externes associés aux différents usages de l’eau, telles la salinisation des sols, la pollution des cours d’eau et la dégradation des écosystèmes, sont souvent ignorés de sorte que les prix restent au plus bas niveau. Ailleurs, là où les ressources en eau sont peu abondantes ou encore plus difficilement accessibles, les coûts liés à la distribution d’une eau de qualité peuvent augmenter de façon draconienne. À mesure que les sources d’eau potable deviennent de plus en plus rares, les prix augmentent.

Par exemple, les approvisionnements deviennent possibles par l’entremise de travaux de génie hydraulique coûteux qui cherchent à exploiter des sources d’eau potable éloignées des communautés dans le besoin. Malheureusement, les fonds publics manquent à l’appel dans bien des pays pour développer de telles infrastructures et maintenir fonctionnels les réseaux d’assainissement et de distribution pour assurer un service soutenu aux communautés. La plupart du temps, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de cette mauvaise gérance des réseaux d’assainissement et de distribution.

L’une des plus grandes controverses sur la globalisation de l’économie d’aujourd’hui est la privatisation de services de gestion et de livraison de l’eau (chapitre 7 du volume 1 du MEA) . Dans plusieurs pays, les coûts élevés pour l’entretien et le développement des réseaux d’aqueduc et de traitement des eaux forcent les gouvernements à inviter les compagnies privées à participer aux opérations. Théoriquement, le secteur privé investit davantage dans les infrastructures et les administre mieux. De ce fait, un approvisionnement en eau plus stable et plus fiable à un prix raisonnable devrait en découler.

Des groupes de pression argumentent toutefois que la privatisation de l’eau fera augmenter les prix à un point tel que certains groupes de la population n’auront pas la capacité de stocker suffisamment d’eau pour répondre à leurs besoins de subsistance. De plus, puisque le profit sera l’objectif principal, on craint que les objectifs de protection des écosystèmes aquatiques à partir desquels les ressources en eau ont été originalement puisées soient en grande partie délaissés.

Ce fut un thème débattu lors de plusieurs grands évènements sur l’environnement, notamment au Sommet mondial sur le développement durable . Pour l’instant, plus de 80 % de la gestion de l’eau dans le monde est effectuée par les gouvernements (chapitre 7 du volume 1 du MEA) . Ainsi, à court et à moyen terme, la gestion de l’eau demeurera en majorité entre les mains des instances publiques.

Certains exemples de privatisation de l’eau sont tout à fait à prescrire. Le cas de Santiago, au Chili, démontre que les concepts théoriques d’une gestion serrée des argents de l’industrie favorisent un approvisionnement de qualité et de bon marché pour la classe moyenne. Pour la classe plus pauvre, des services de gratuité sont accessibles. Dans d’autres cas, les résultats sont moins reluisants (ou mixtes).

  • Lisez l’article de A. Briand et A. Lemaitre (2004) sur la privatisation de la distribution de l'eau potable en Afrique. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :
  • Lisez aussi l'article de I. Vincent (2003) à ce sujet. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

3.5 L’impact des changements climatiques sur l’eau et sur le commerce de l’eau virtuelle

Le cycle de l’eau et les approvisionnements en eau varient beaucoup à l’échelle du paysage. Nous avons vu à la section 3.1 que certaines régions de la planète sont riches en eaux de surface alors que dans d’autres, la ressource se fait rarissime. Ce sont les patrons de circulation générale de l’atmosphère qui déterminent les zones climatiques mondiales et la disponibilité régionale de l’eau. Dans ce sens, le réchauffement climatique est inquiétant puisqu’il peut influencer le cycle de l’eau et, par conséquent, modifier le paysage. Par exemple, relativement au désert actuel, le Sahara était une région beaucoup plus arrosée et caractérisée par une végétation plus abondante il y a dix mille ans.

Un climat qui change affecte les précipitations, les taux d’évapotranspiration, la teneur en eau des sols, la recharge des eaux souterraines et l’écoulement de surface. Le climat peut aussi changer la saisonnalité et l’intensité des pluies, de la chute de neige et des écoulements. Les modifications des écoulements de surface, de la fréquence des évènements extrêmes et de leur intensité sont particulièrement inquiétantes. On estime que le réchauffement climatique augmentera les disparités quant à la disponibilité de l’eau pour les populations. Notamment, les pays déjà touchés par les sécheresses le seront davantage dans cinquante ans. Ironiquement, des études climatologiques montrent que les inondations deviendront de plus en plus fréquentes.

  • Lisez l’article de T. Oki et S. Kanae (2006) sur les impacts des changements climatiques sur le cycle de l’eau et ses approvisionnements : Oki, T., Kanae, S. 2006. Global hydrological cycles and world water resources. Science 313 : 1068-1072. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

L’eau virtuelle  désigne la quantité d’eau douce utilisée pour la production d’un bien ou d’un service. Bien que nous puissions utiliser ce concept pour n’importe quel produit, l’eau virtuelle est normalement utilisée pour la production des cultures et des produits de l’élevage. Par exemple, l’eau virtuelle inclut la quantité d’eau emmagasinée par la culture ou l’élevage, mais elle compte également la quantité d’eau évaporée ou transpirée.

Selon le chapitre 7 du volume 1 du MEA , dans les conditions les plus favorables à l’agriculture, il faut entre 1 000 et 2 000 kilogrammes d’eau pour produire un kilogramme de grains. Il faut plus de 5 000 kilogrammes d’eau pour produire un kilogramme de fromage. Enfin, il prend environ 16 000 kilogrammes d’eau pour produire un kilogramme de bœuf. Ce déséquilibre suggère donc qu’il est plus rentable et facile de favoriser les échanges de nourritures que de promouvoir les échanges de l’eau réelle.

Le commerce de l’eau virtuelle est un nouveau concept qui mérite d’être considéré parce qu’il a le potentiel d’alléger les problèmes liés à une mauvaise distribution des approvisionnements en eau. Ce concept ne tient toutefois pas compte de la nature du système de production (par exemple, les sols, l’impact sur la biodiversité, ou la pollution). Le commerce de l’eau virtuelle pourrait permettre de prioriser l’usage des ressources en eau pour la consommation dans les pays touchés le plus sévèrement par les sécheresses. Entre autres, le commerce de l’eau virtuelle encouragerait l’importation de nourritures dans les pays où les ressources en eau sont trop peu abondantes pour permettre l’irrigation et l’élevage. Déjà, les pays riches en ressources hydriques échangent vers les pays où la ressource est rarissime des centaines de km3 d’eau virtuelle chaque année. Le commerce des grandes cultures se chiffre entre 500 et 900 km3 par année alors que celui de l’élevage est inférieur à 200 km3 par année.

Tableau 3.5 L'eau virtuelle et réelle pour la production de différentes denrées

DenréeEau virtuelle (km3 an-1)Eau réelle (km3 an-1)Économie d’eau (km3 an-1)
Maïs1305080
Blé270115190
Riz19011080
Orge923854
Total pour les céréales 870470400
Boeuf86824
Porc28208
Poulet3713012
Total pour la viande 15048924

Source : Oki et al. (2003a), dans chapitre 7 du volume 1 du MEA .

Les plus importants exportateurs d’eau virtuelle sont les pays de l’OCDE et d’Amérique latine. D'autre part, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique centrale et l’Europe de l’Ouest sont des régions importatrices d’eau virtuelle. De façon générale, les pays exportateurs sont ceux riches en ressources hydriques et les pays importateurs sont ceux où les approvisionnements en eau sont plutôt faibles. Le prochain graphique montre les flux les plus importants entre les continents (en km3 par année).

Figure 3.2 Les flux d'eau virtuelle sur la Terre.

Source : Hoekstra et Hung (2003), dans chapitre 7 du volume 1 du MEA .

L’augmentation des stress hydriques au cours des prochaines décennies, compte tenu du réchauffement climatique, devrait augmenter la disparité des approvisionnements en eau et ainsi augmenter le commerce de l’eau virtuelle pour satisfaire les besoins des pays défavorisés. Toutefois, pour le moment, certains pays ont décidé, pour des raisons politiques et (ou) sociales, d’être autosuffisants et indépendants vis-à-vis de la production d’aliments. Par exemple, l’Inde, malgré les sécheresses qui sévissent dans le pays chaque année, est un exportateur net de denrées alimentaires et d’eau virtuelle.

  • Lisez l’article de J. A. Allen (1998) sur la définition et les concepts de l'eau virtuelle et sur les défis pour l'intégrer dans les stratégies et les politiques de gestion de l'eau : Allan, J. A. 1998. Virtual water: A strategic resource global solutions to regional deficits. Ground Water 36 : 545–546.. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

3.6 Les études de cas

Les deux études de cas choisies donnent une perspective des défis de gestion de l’eau à des échelles tout à fait différentes, soit à l’échelle locale et régionale (petits bassins [de tête]) ainsi qu'à l’échelle continentale (très grands bassins [hydrographiques]). Elles vous permettront d'étudier plus en profondeur la mise en œuvre de stratégies et de politiques de gestion pour un partage plus équitable des ressources en eau entre les différentes communautés régionales et entre les pays. Elles vous permettront aussi d'étudier les causes exactes des rejets acides miniers, les impacts de ce phénomène sur l'environnement, les techniques disponibles pour remédier aux problèmes et les démarches à suivre pour faire le suivi des effets environnementaux d’un projet minier.

3.6.1 La gestion de l’eau à l’échelle du bassin hydrographique pour un meilleur partage de la ressource

Plusieurs bassins hydrographiques importants de la planète sont déjà dans des états précaires quant à l’approvisionnement des populations. Par exemple, les bassins drainant la Seine, le Rio Grande et le Jubba subissent déjà des stress majeurs qui ne cesseront d’augmenter d’ici 2025. Dans de telles situations, les populations en aval des bassins hydrographiques sont souvent celles qui souffrent le plus durant les sécheresses puisque les écoulements ont été récupérés et utilisés par les populations vivant en amont.

Les tensions pour l’approvisionnement en eau peuvent donc être importantes entre les différentes populations vivant en aval et en amont des cours d’eau. Dans la plupart des cas, les tensions sont présentes entre les populations d’un même pays, mais, parfois, les bassins traversent les frontières étatiques et les tensions montent entre les pays. La gestion de l’eau à l’échelle du bassin hydrographique et les bons accords entre les pays sont primordiaux pour assurer un approvisionnement équitable et soutenu entre les diverses populations concernées.

Nous vous suggérons d'abord deux études de cas qui font état des principes de gestion de l’eau à l’échelle du bassin hydrographique ainsi que des défis de sa mise en œuvre.

  • Lisez l'article de B. Affeltranger et F. Lasserre (2003) sur la gestion du bassin transfrontalier de la rivière Mékong en Asie et l'article de N. Madiodio (2004) sur celles de quelques bassins transfrontaliers en Afrique de l’Ouest. Accédez à ces articles en cliquant sur les liens suivants :

Enfin, nous vous proposons une étude de cas sur la grande région de Marrakech pour constater si une gestion complexe de plusieurs petits bassins versants de tête a su répondre à tous les besoins en eau de la société depuis l’élaboration et la mise en place de la stratégie depuis 1980.

  • Lisez l’article de M. El Faiz et T. Ruf (2006) sur la gestion de l’eau dans le N'fis à l'ouest de Marrakech. Accédez à cet article en cliquant sur le lien suivant :

3.6.2 La pollution de l’eau par les mines : les rejets acides et la libération de contaminants métalliques

Les grands continents sont tous exploités pour leurs grandes richesses minières. Que ce soit pour l’extraction de l’or ou d’autres métaux, l’uranium pour la création d’isotopes médicaux ou l’énergie nucléaire, les sables bitumineux pour le pétrole, le charbon comme source d’énergie, l’exploitation minière est toujours la cause d’une pollution de l’eau pouvant aller de légère à dramatique. Outre la pollution de l’eau, l’exploitation minière entraîne la modification des paysages, la dégradation des sols et la perte de terres fertiles pour l’agriculture, la déforestation, la perte de la biodiversité et la pollution de l’air. Au Canada, par exemple, des normes environnementales sévères sont implantées pour l’industrie minière de l’uranium par la Commission canadienne de sûreté nucléaire  et elles ne cessent d’évoluer au fur et à mesure que les connaissances en écotoxicologie (humains, animaux aquatiques et terrestres, plantes aquatiques et terrestres, etc.) s'accumulent.

La majorité des pays ont formé au cours des années des organismes scientifiquement sérieux pour régir de façon plus serrée les actions des compagnies minières. Plusieurs pays obligent aussi les compagnies à verser des montants d’argent pour assurer la restauration des sites miniers lorsque l’exploitation est terminée. Au Québec, entre autres, le gouvernement a voulu implanter un meilleur contrôle des impacts sur l’environnement par l’exploitation minière en augmentant le paiement de garantie de restauration environnementale et en faisant en sorte que les compagnies doivent défrayer les coûts en dedans de cinq ans de la date de début de l'exploitation des ressources, c'est-à-dire avant qu’elles cessent leurs activités d’exploitation parce que le minerai est épuisé. Bien qu’il y ait eu une amélioration dans plusieurs pays des normes environnementales et du système d’assurance pour la restauration des mines lors de leur fermeture, il demeure que l’exploitation minière ne se fait jamais sans impacts sur l’environnement et, particulièrement, sur l’environnement aquatique.

La prochaine étude de cas vous présente un type de pollution typiquement associé aux mines, soit le drainage acide .

  • Lisez l’article de B. Bussière et coll. (2005) sur l'origine des acides et les méthodes de restauration des aires d'entreposage : Bussière, B. et coll. 2005. Principaux défis et pistes de solution pour la restauration des aires d’entreposage de rejets miniers abandonnés. Symposium 2005 sur l’environnement et les mines, Rouyn-Noranda. Accédez à cet article en utilisant la Réserve électronique du cours  de la bibliothèque de l'Université TÉLUQ.

Références

Dynesius, M., Nilsson, C. 1994. Fragmentation and flow regulation of river systems in the northern third of the world. Science 266 : 753–762.

Walling, D.E., Fang, D. 2003. Recent trends in the suspended sediment loads of the world’s rivers. Global and Planetary Change 39 : 111–126.

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